A propos…
Claude ABAD montre des travaux récents qui témoignent d’une maîtrise affirmée, sans jamais rien concéder a la pente des savoir-faire. C’est tout le contraire qui est exposé là. Un appétit de peindre juste et fort, une mise en danger constante, risque nécessaire pour être, à chaque fois, toile après toile, plus incisif, plus vrai, auprès de nos imaginaires et, dans un paradoxe qui n’est qu’apparent, plus près de la vie ordinaire. Il n’y a pas d’emphases, pas de trucs chez Abad, pas de redites, pas de flous. Ce qui est dit est dit parce que cela devait l’être. C’est, sous le pinceau, un solo de Coltrane ou d’Ornette Coleman, deux vers de Lorca, et deux autres de Celan, le lever du soleil, et la beauté des nuits, un bon restau, un voyage à deux. La vie vraiment, mais pas seulement. Une éthique. Irremplaçable tout simplement. Daniel BégardLa peinture silencieuse de Claude ABAD
« Certains tableaux de Claude ABAD déplacent le commentaire qu’un premier regard pourrait en donner. Ils ne sont jamais tout à fait dépouillés, au contraire, la peinture s’y présente comme une peau qui recouvre, retient et renvoie la lumière, offrant son grain et laissant à jour ça et là des déchirures. Lisse ou ansérine peau née d’une même teinte aux nuances d’ombres et de clartés où prennent place de petits surgissements, réserves d’éclats colorés, striés, à vif, issus d’un travail antérieur pour créer un espace alors qu’ils viennent d’un autre temps. Une peau – plus un manteau qu’un miroir – habitée de lignes, courbes, brisées qui donnent la dimension et la trajectoire de gestes sans retour. Austère manteau qui retient le souffle d’une double apparition, intersection de vitalité et de sagesse qui se retrouvent à même la surface, offertes sans commencement ni fin... Tout reprend le dessus. La peinture est seule tel celui qui regarde. Toutes références au réel demeurent silencieuses et inattendues. L’œil et la main ont su habilement se préserver d’intentions que nous tentons d’interroger. Peinture dont le mutisme nous oblige à faire face, son seuil ressaisi, elle rassemble notre présence et nous retient dans sa seule réalité dont nous ne cherchons pas à sortir. »— G. DRANO